
Quand les additifs alimentaires rendent fous nos enfants
Hyperactivité, agressivité, insomnies, maux de tête et de ventre : les additifs alimentaires, massivement utilisés par les industriels, sont loin d’être sans conséquences sur la santé de nos enfants. On pense aux écrans et stimulations excessives, ou à des problèmes d’ordre psychologique, mais on oublie souvent le rôle de notre alimentation ultra-transformée dans ces comportements et symptômes inquiétants. Or on le sait : certains additifs sont responsables de troubles chez l’enfant et l’adolescent.
Entre nous, cet article concerne aussi les adultes. Disons simplement qu’un enfant en pleine croissance réagit plus fortement à certaines substances. Ajoutons à cela que certains troubles comportementaux semblent apparaître de plus en plus fréquemment chez les jeunes sur les 20 dernières années. Une raison de plus pour se pencher sur ce qui a changé dans nos modes de vie et particulièrement sur le contenu de leurs assiettes et sac à dos à l’heure du goûter.
Qu’est-ce qu’un additif alimentaire ?
Un additif alimentaire est une substance qui n’est pas habituellement consommée comme un aliment ou utilisée comme un ingrédient dans l’alimentation. Ces composés sont ajoutés aux denrées dans un but technologique au stade de la fabrication, de la transformation, de la préparation, du traitement, du conditionnement, du transport ou de l’entreposage des denrées et se retrouvent donc dans la composition du produit fini.
ANSES, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Plus concrètement, il s’agit : des colorants, des acidifiants, des gélifiants, des conservateurs, des exhausteurs de goût, des antioxydants, des stabilisants…
L’utilisation des additifs est réglementée dans l’Union Européenne. Les industriels doivent noter leur présence sur l’étiquette, suivi soit de leur nom chimique, soit de leur code européen « E » suivi de 3 chiffres. On peut citer comme exemples le colorant synthétique E131 « bleu patenté V », l’antioxydant naturel E330 « acide citrique » ou encore le gélifiant/épaississant naturel E407 « carraghénanes ».
Les additifs peuvent être nécessaires à la bonne conservation d’une denrée alimentaire, mais ils peuvent aussi être utilisés à des fins purement esthétiques ou pour masquer la mauvaise qualité visuelle ou gustative d’un produit. Alors que la réglementation européenne encadre leur présence comme devant être « nécessaire technologiquement », ne pas induire le consommateur en erreur et être sans risque pour la santé, tu comprends bien, face à ton yaourt à l’abricot un peu trop orangé ou à ton tarama rose fuchsia, que la finalité réelle est parfois très… discutable.

Quels sont leurs effets sur la santé ?
A ce jour, on compte plus de 300 additifs autorisés en alimentation. Pourtant, tous ne se valent pas. Les effets sur la santé d’une centaine d’entre eux sont décriés mais restent sous-évalués. L’Europe ayant reconnu le manque de données fiables sur les substances utilisées, de nouvelles enquêtes ont été lancées depuis peu pour estimer leur toxicité ou valider leur innocuité. Un travail de longue haleine qui risque de ne pas apporter de conclusion avant plusieurs années.
Toutefois, certains additifs se sont déjà faits une mauvaise réputation. En novembre 2018, le magazine 60 Millions de Consommateurs a critiqué sévèrement un certain nombre d’additifs couramment consommés : allergisants, diabétogènes, perturbateurs endocriniens, responsables de troubles du comportement et de l’attention chez les enfants, perturbateurs du microbiote intestinal, cancérigènes…
La réglementation impose bien entendu une restriction sur les quantités d’additifs incorporées, via une DJA, Dose Journalière Admissible. Malheureusement, comme je te l’ai expliqué dans l’article sur les perturbateurs endocriniens, on ne peut pas toujours établir de dose minimale sans risque, car même à très faible dose, les effets de certaines substances peuvent être importants.
Mais ce qui est plus gênant encore ici, c’est que la problématique existe aussi pour la toxicité aigüe de certains additifs, c’est-à-dire leur toxicité immédiate ou à court terme suite à une quantité ingérée importante. Il s’avère, en effet, que nous mangeons malgré nous tellement d’additifs chaque jour, que la DJA est souvent dépassée ! Les additifs étant présents dans quasiment tous les aliments transformés ou préparés industriellement, il est difficile d’y échapper. Il ne faut pas non plus oublier l’effet cocktail, c’est-à-dire les réactions liées à l’ingestion de plusieurs additifs en même temps ou sur un court laps de temps, dont les résultats sont encore plus mal maîtrisés.

ou comment consommer des additifs sans s’en apercevoir
Le cas précis de l’hyperactivité
Cet article n’a pas pour but d’entrer dans l’aspect médical de l’hyperactivité ni de faire de la psychologie sur les comportements alimentaires. Il a plutôt pour objectif de rappeler en quoi une alimentation transformée, à fortiori lorsqu’elle n’est pas issue de l’agriculture biologique, peut être à l’origine de troubles comportementaux qui pourraient être évités.
Comme je le disais ci-dessus, le nombre d’enfants concernés par l’hyperactivité augmentent considérablement ces dernières années. Des causes environnementales semblent évidentes. Bien entendu, ces causes sont variées, tout ne peut pas être mis sur le dos de notre alimentation et encore moins sur la présence d’additifs. Mais cette piste, dans les troubles de l’attention et du comportement, mérite d’être envisagée pour une simple et bonne raison : s’ils en sont la cause, l’éviction des additifs incriminés permet généralement un retour rapide à la normale.
Deux familles d’additifs sont connues comme étant responsables de potentiels troubles de l’attention et d’hyperactivité : les colorants, en particuliers les colorants azoïques, et les additifs phosphatés.
Les colorants
Notés de E100 à E199, on les trouve évidemment dans les confiseries, confitures, mais aussi dans la charcuterie, les sauces, moutardes, ou encore les yaourts pour enfants, les sodas…

Les effets de nombre d’entre eux sont reconnus néfastes, comme c’est le cas pour la famille dite des colorants « azoïques ». Des liens de cause à effet ayant été établis entre une consommation importante de ces colorants et une hyperactivité, les aliments qui en contiennent doivent dorénavant porter la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez l’enfant ». Cette notification suffit donc à te confirmer leur présence, sans avoir à sortir ton smartphone pour scanner chaque produit de ton caddie !
D’autres colorants sont quant à eux suspectés d’être allergisants ou pire, cancérigènes. Comme il est difficile de faire un tri parmi tous ces colorants, le mieux reste encore de les éviter et de privilégier les aliments colorés par des « jus de légumes » ou des épices, solutions empruntées par les marques bio ou pour les produits pour bébés.
Les additifs phosphatés
Les additifs sur base de phosphate sont des faux-gentils. Qui dit phosphate dit phosphore, et le phosphore est un élément essentiel au bon fonctionnement de l’organisme, en particulier chez l’enfant qui en a besoin pour sa croissance. En revanche, ingéré en excès, il devient néfaste : déminéralisation osseuse, problèmes cardiovasculaires et neurologiques… et troubles du comportement dont hyperactivité, agressivité, insomnies.
Le phosphore apporté via les aliments non transformés comme la viande ou le poisson ne pose pas problème, ce sont les additifs phosphatés qui sont critiqués. Tu peux les reconnaître sur l’étiquette avec le préfixe « phos- » comme, par exemple « acide phosphorique », « di-phosphate » ou encore « phosphate de calcium », le seul autorisé en bio.

Ils servent d’acidifiant, dans les sodas, de supplément de calcium pour le « phosphate de calcium » dans les desserts ou les boissons, et de sels de fonte pour les fromages à tartiner – surtout ceux pour enfants…
Les enfants et adolescents : les cibles les plus à risque
Il semble évident qu’un organisme en pleine structuration est plus sensible à son environnement et, donc, à sa nourriture. Mais ce n’est pas la seule raison qui fait que les enfants et ado sont les plus à risque. La réalité est plus dérangeante : bien que les additifs soient interdits dans les produits bébés, c’est-à-dire pour enfants de moins de 3 ans, ils restent autorisés et souvent utilisés dans les produits pour enfants et adolescents. N’en déplaise à la réglementation, leur ajout étant bien souvent marketing, les industriels mettent le paquet pour attirer le petit consommateur : yaourts aux couleurs de l’arc-en-ciel, soda couleur caramel ou jaune flashy, textures fondantes ou mousseuses…
Il est difficile, en tant qu’enfant, mais aussi en tant que parent qui pense bien faire, de ne pas se sentir attiré par les emballages ventant l’intérêt du produit pour les jeunes. Autant il semble logique pour tout le monde, de devoir limiter la consommation de bonbons et chewing-gum, autant il est moins évident de deviner que des additifs potentiellement responsables pour l’organisme de divers troubles se cachent dans les fromages à tartiner pour enfants, certaines moutardes ou confitures, ou encore le jambon ou les nuggets. Il en va de même pour de nombreuses boissons végétales et yaourts au soja, agrémentés de phosphate de calcium pour atteindre l’apport en calcium des produits laitiers.

Les adolescents, grands buveurs de sodas et consommateurs de chips – Ok, ça fait cliché, mais ça se vérifie malheureusement ! – sont aussi, pour leur défense, pris dans l’engrenage de l’addiction aux additifs : les sucres sont addictifs, tout comme les exhausteurs de goût et les acidifiants. Plus ils en mangent, plus ils veulent en manger, ce qui fait rapidement exploser la DJA de chaque additif.
Comment éviter la surexposition aux additifs
En cas de doute sur une relation de cause à effets entre l’alimentation d’un enfant et des troubles du comportement, il peut être intéressant de passer en revue les produits transformés qu’il mange. Pour ce qui est des phosphates, la diète HAFER peut, en quelques jours seulement, mettre en évidence une intoxication ou une hyper-sensibilité (voir en fin d’article le lien pour en savoir plus).
De manière générale, il est plutôt facile d’éviter une surexposition aux additifs alimentaires les plus problématiques, en privilégiant la consommation de produits le moins transformés possible et labellisés « bio ». D’ailleurs, pour trouver un exemple à te montrer, j’ai ouvert plusieurs fois tous mes placards… avant de tomber sur une bouteille de vinaigre de vin oubliée, dont les additifs ne sont toutefois pas les plus « méchants » !
Finalement, le plus dur reste de réapprendre aux enfants le goût des produits cuisinés maison, de sucrer son yaourt avec de la compote ou du miel, et de se passer de desserts et gâteaux industriels dans le quotidien. On relativise quand même les écarts des goûters d’anniversaire et les glaces colorées des vacances… ?
Quelques sources et lectures pour aller plus loin
La diète HAFER, à lire si tes enfants consomment beaucoup d’additifs phosphatés et/ou semblent souffrir d’hyperactivité. Pas de recette miracle ici, juste une piste à envisager pour peut-être éviter une médication ou une souffrance inutile… https://www.kousmine.fr/la-diete-hafer-diete-phosphatee-de-4-jours/
Des précisions sur les additifs alimentaires autorisés par les labels bio : seulement deux colorants naturels, mais toujours des sels nitrités et des phosphates…
http://www.natura-sciences.com/agriculture/additifs-bio-toxiques-plats-prepares.html
https://www.anses.fr/fr/content/le-point-sur-les-additifs-alimentaires
https://www.notre-planete.info/ecologie/alimentation/additifs_alimentaires.php


3 commentaires
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Labat Christine
Face aux violences de ces derniers temps, on dit que les jeunes n’ont plus de limites car manque de sanctions. Mais partout autour de nous existent des comportements extrêmes, proches de la folie. Pourquoi on ne se demande pas si les gens ne sont pas devenus fous d’empoisonnement ?
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